Ironman de Frankfurt – European Championship – 6 juillet 2008

Publié le par Bouille

Welcome to KONA !I had a dream...
... that one day I would run an Ironman (done... and re-done!)
... that one day I would run the Embrunman (still to be done)
... that one day I would run the Ironman World Championship in Kona, Hawai (about to be done).

Oui oui, vous avez bien lu : à l'issue d'une course monumentale, je me qualifie haut la main pour les championnats du monde de triathlon distance Ironman à Hawai, la mecque du triple effort, le 11 octobre 2008. Préparez les chemises à fleur : j'arrive ! 

Une qualif arrachée dans la douleur, dans le bonheur, au terme d'une course pleine durant laquelle j'ai fait preuve d'une belle régularité. Je me suis « auto-bluffé » car je ne pensais pas être capable d'une aussi belle performance.

Retour sur cette belle journée du dimanche 6 juillet.

Lever 3h45. Je suis défoncé. Ca fait 4 jours que je ne dors que 4 heures par nuit. La baisse conséquente de mon volume d'entraînement sur la dernière semaine n'a pas que du bon : je manque de dépense physique, je trépigne, et n'arrive donc pas à dormir.

Je petit-déj mon gâteau énergétique tout en finissant de préparer mon sac, mes multiples bidons (deux pour le vélo, un de boisson d'attente, deux pour la cap à verser dans des fioles ceintures qui me serviront finalement à peine). Fanfan et mon pôpa me conduisent dans le centre ville prendre une des multiples navettes réservées pour les triathlètes. Il pleut. Pourvu que ça ne dure pas car le secteur pavé de « the hell » sur le parcours vélo risque de porter bien son nom !

La navette est déjà bondée mais j'arrive à trouver une petite place perchée entre deux sièges pour m'asseoir. Je sors mon I-Pod avec pour objectif de me construire un mental de serial killer pendant les 30 mn que va durer le transfert vers le départ de la course, à Langener Waldsee, le plan d'eau situé à quinze bornes au sud de Frankfurt.

« Hysteria » de Muse, et dans un tout autre registre « No stress » de Laurent Wolff tournent en boucle. Je dévisage un par un les autres triathlètes balèzes et musculeux. Mais j'ai plus peur et je me dis que je vais tous les bouffer !

Arrivé dans le parc à 5h45 pour un départ à 6h45, je pense être tranquille. Mais tout s'enchaîne finalement très vite. Débarrasser X-Kalibur de sa protection plastique, trouver une pompe pour gonfler mes pneus, aider les potes à gonfler les leurs (toutes les pompes ne sont malheureusement pas capables de porter un boyau à 10 bars), installer chaussures, casque, lunettes, gants, gels, bidons sur le vélo (ça en fait des choses), etc... bref, le temps passe vite. Place ensuite aux dernières interrogations : lunettes sombres ou claires ? crème anti-frottement ou pas ? Oups, faux problème : de toute façon, j'ai oublié mon tube de NOK!

Tonio me prodigue ses derniers conseils. Il est clair : « JB, t'es prêt. T'as franchi un cap. T'as une course référence cette année (Troyes en l'occurrence). Tu vas sortir devant en natation. Tu vas te faire rattraper par quelques avions en vélo. Tu les laisses passer et tu les gardes en ligne de mire. Il faudra sûrement que tu te mettes dans le rouge pour les suivre. Vas-y. »

Je vais être très franc avec vous : à ce moment là (ni avant d'ailleurs) je n'ai vraiment jamais pensé à Hawai et à une éventuelle qualif. J'avais juste envie de faire une belle course, un bon vélo, et de tenir à pied. En bref, j'avais envie de tout péter.

6h15, je commence à enfiler la combi. 6h25, dernier repérage de la sortie natation et de l'entrée dans le parc à vélo pour ne pas perdre de temps. 3ème rangée, près d'un arbre. De toute façon, mes supporters devraient pouvoir m'aider avec leurs cris...

6h30 : combi zippée, je me mets à l'eau avec Tonio dans mes jambes.

J'ai la chance de partir dans la première vague regroupant les (a priori) 400 meilleurs ainsi que les pro. Ce ne devrait donc pas être la trop grosse baston. Le départ est dans l'eau. Je ne me suis pas trop échauffé mais je ne m'en fais pas : j'ai une poignée d'heures devant moi pour le faire :-)

Je me retourne, je regarde autour de moi, je fais le plein de couleurs, de public, de son, de soleil qui se lève... J'ai encore plus envie de tout péter...

Je déclenche mon cardio à 6h44 pour ne pas avoir à le faire dans le rush du départ. Encore 1 petite minute... qui parait bien longue...

Bam, c'est parti ! (Je ne me souviens même plus si c'était un pistolet ou une corne de brume...)

Je fais un départ canon. Respiration en deux temps pendant trois premières minutes pour m'extraire du paquet. Les bouées qui délimitent le parcours sont géantes ce qui facilite l'orientation. J'ai une fâcheuse tendance à dévier à gauche. Pourtant, j'ai rentré la dérive :-)

Je file bon train sur le premier tour mais sans jamais pouvoir réellement prendre des jambes. En fait, je réalise sur la photo prise par Anne-Laure à la sortie à l'australienne que je mène un gros paquet. Comme me l'a écrit Alex, « j'ai fait la natation en bus ». Oui mais Alex, apparemment, c'était moi le chauffeur du bus !

Sur la deuxième boucle, le pack s'étire un peu et j'arrive à récupérer les jambes de deux triathlètes. Je finis derrière eux sans chercher à les doubler, me disant que j'ai encore 222 km pour le faire (180 de vélo et 42 à pied... wouah... ça en fait des possibilités).

Je sors donc de l'eau en 51'53, soit une moyenne de 1'21 au 100m. 58ème temps natation et 10ème temps de ma catégorie. Ca commence bien.

La transition est éreintante. Il faut commencer par remonter une colline de 80 m. La pente est raide et casse les pattes. Puis 400 mètres de tapis pour rejoindre ma Marguerite qui m'attend à l'entrée du parc. Je sors de la combi comme un bâtonnet de salami de son emballage plastique (c'est-à-dire super facilement). Enfilage éclair de casque, lunettes, chaussettes et c'est parti.

C'est le moment que choisit Marguerite pour se transformer en X-Kalibur conquérant ! Envoyez les watts : ça va dépoter!

Petit point technique de transition : anticipant la chaleur et le long secteur pavé du parcours vélo, j'avais décidé de rouler avec des gants. Afin de ne pas perdre de temps, je les avais accrochés sur les cornes de mon prolongateur et je les ai enfilés en position aéro. Je vous le conseille. Perte de temps quasi nulle et confort assuré sur 180 bornes.

J'envoie dès le départ. Comme je l'écrivais avant la course, mon objectif était assez simple : faire une bonne natation sans puiser, faire un bon vélo en puisant, et ne pas craquer sur le marathon épuisant (ah !ah !). Fafa aurait résumé ça de la façon suivante : « bien nager, rouler à fond en vélo, et finir à bloc à pied ». C'est un peu réducteur mais pas très loin de la vérité...

Bref, je suis parti fort. Les 13 premiers km sont avalés en 20 mn soit 38.5 km/h de moyenne. A l'issue de ces 12 bornes, le parcours comprend deux boucles de 84 km. C'est roulant mais il faut négocier plusieurs passages clefs dont quatre bosses qui jalonnent chaque boucle : the beast, Huhnerberg (la pire), the health, the heartbreak hill. Au total, 1000 m de dénivelé ce qui représente le dénivelé moyen d'une belle sortie en vallée de Chevreuse. A négocier prudemment également : un secteur pavé de 500 mètres et une multitude de relances dans chaque village traversé. Bref, un parcours a priori destiné aux gros rouleurs.

Petit point sur les pavés : rien à voir avec les petits dallages réguliers de la place de l'Etoile ou de la Bastille. Là, on était plus proche du « king size pavé ». Pas aussi gros que sur le Paris-Roubaix. Mais ils glissaient et n'étaient pas joints (donc position en danseuse interdite au risque de faire la danseuse sur les bottes de paille).

Côté ravitos, j'avais prévu sur cet IM une autonomie complète en gels. Je n'ai mangé aucun solide pour éviter de perdre de l'énergie à digérer. Donc Powergel toutes les 45mn. Et tous les 3 Powergel, alternance avec un Gel salé de Fenioux pour casser le goût sucré. Tant que je suis dans l'alimentation, j'ai pris un gel au magnésium/arnica avant la nat, un autre au début du vélo, et un dernier avant le marathon. Je les conseille. C'est bon et ça m'a semblé efficace.

Revenons à nos moutons. J'enquille donc mes 20 premières bornes au taquet. J'ai la fesse gauche super dure ; je crains un début de crampe mais je mets ça sur le compte de la natation donc ne m'affole pas. Ca passera finalement tout seul...

Plus grave et beaucoup plus gênant : je perds ma lentille de contact de l'œil gauche. La faute au vent et à l'air sec et chaud. Gros coup au moral. J'ai une paire de rechange mais absolument aucune envie de m'arrêter. Je perds un peu mes repères, je ne me sens plus en confiance. Ceux qui me connaissent savent que je suis une vraie taupe, alors imaginez la perte de repères. Essayez donc un de ces quatre de fermer un œil au milieu d'une sortie vélo et de rouler comme ça. Vous verrez : c'est pas drôle...

Les 40 km qui suivent sont difficiles. J'envoie comme un cochon dans la cambrousse, mais je mets les mains sur les freins à chaque traversée de village. C'est usant. Chaque coup de vent me stresse et je cligne des yeux à outrance pour hydrater mon œil droit : si je perds la deuxième, je n'aurai d'autre choix de m'arrêter 3 mn pour en remettre. Et JE VEUX PAS !!!

Après 80 bornes, j'aborde la montée de Hearbreak Hill, ou Powerbar zone. L'atmosphère est démente. Je grimpe à 20km/h au milieu d'un public en délire. On se croirait sur le tour de France. La route s'ouvre devant moi. J'en oublie la douleur et j'appuie comme une brute sur les pédales. Je passe devant ma dream team de supporters endiablés, tout de jaune vêtus. Mahée fait les gros yeux dans son porte-bébé. La pauvre, elle a l'air à l'ouest. Mais ça me file la grosse rage. Je vous renvoie aux photos dans l'album. Je serre les dents. Je dois sortir du tunnel de spectateurs à 28 km/h mais là, c'est hallucinant : tout d'un coup, y'a quasiment plus personne alors que ça continue de monter. Et là tu réalises que tu t'es mis dans le rouge sans t'en apercevoir. Le retour de bâton est violent. De 28, je passe à 18. Mais ce passage difficile est de très courte durée car commence la descente vers le skyline de Frankfurt, avec 15 bornes à 35-40 de moyenne.

Vous aurez remarqué que je ne parle plus de lentille. Mes idées noires m'ont quitté après ce coup de boost.

La traversée de Frankfurt est technique et rapide avec de multiples relances. Le public est nombreux et bruyant ce qui incite à appuyer sur les pédales.

Je finis cette première boucle de 84 km à 37.83 km/h de moyenne. C'est plus que correct !

J'ai déjà avalé 97 km. Il m'en reste 83. Je me sens toujours bien et continue à envoyer. Ma position aéro sur mon prolongateur est tout confort. Je ne me relève que pour relancer en danseuse ou à l'approche des virages délicats.

Malgré tout, le deuxième tour va être plus difficile, comme en témoigne ma moyenne de 35.41 km/h « seulement ». C'est surprenant car je pensais avoir fait un meilleur deuxième tour.

Au 140ème km, je sens que je ralentis. J'ai attaqué le retour vers Frankfurt et un vent usant de ¾ face contraint à des efforts supplémentaires. Je me fais rattraper par un groupe de six triathlètes escorté par une moto d'arbitrage. En tête de cortège, mon pote Boualem d'Etampes TRI. Derrière lui, ça ne drafte pas mais c'est pas loin. Heureusement qu'un arbitre est là. Craignant le carton, je me laisse distancer à 20 m mais m'accroche pour garder le groupe en ligne de mire.

Après 10 km à serrer les dents, je retrouve la pêche. Cette fois, c'est moi qui envoie et je redouble un par un les triathlètes qui m'avaient dépassé. Tous sauf un car Boualem s'est envolé. Il roulait vraiment fort. La moto arbitre est toujours là donc je m'efforce de respecter le règlement à la lettre : dépasser à plus de 2 mètres par la gauche, le tout en 30 secondes. C'est pas facile mais l'arbitre voit que je m'arrache pour bien faire donc no soucy.

160 km : j'arrive à Heartbreak Hill pour mon deuxième et dernier passage. Ambiance de folie. La sono crache ses watts... et... Chrissie Wellington aussi crache ses watts : la première féminine me double. La moto caméra qui la suit également... Ahhhh ! Je vais pas me laisser faire. Je relance en danseuse et reste derrière elle, mais devant la moto. Du coup, je passe à la TV en live :-)

Il faut vraiment que j'arrive à récupérer la retransmission de la course.

50 mètres plus loin, je vois maintenant Antoine et ma soeurette, affublée d'une perruque bleu-blanc-rouge. Hystériques, ils crient à s'en arracher la voix. Ca me fait marrer et me refile un coup de boost. Je sors de la côte comme une fleur, mais à nouveau avec les jambes en pétard. Je laisse donc partir Chrissie, prends le temps de boire, et relance à nouveau pour rejoindre Frankfurt.

Dernier coup de stress sur ce parcours vélo dans le tunnel du centre ville. Je n'y vois pas mieux qu'au premier tour et m'engage avec un œil dans la pénombre. 30 longues secondes de stress mais j'en sors entier.

Dernières relances, derniers kilomètres, puis me voilà le long du Main. Je défais mes scratchs de chaussure et saute en marche.

Je boucle donc les 180km de vélo en 4h54. J'ai repris 18 places. Je suis donc maintenant 40ème au général et 8ème dans ma catégorie. Mais ça, je ne le sais pas encore...

Ma T2 se passe comme dans un rêve. 43 secondes. Du jamais vu ! J'ai sauté du vélo en marche et l'ai lâché tout de suite (il est parti dans les mains d'un bénévole). J'ai tout de suite tourné mon dossard afin qu'un autre bénévole repère mon sac dans les racks. Aussitôt fait. Me voilà donc dans la tente de transition avec un 3ème bénévole qui vide mon sac. J'enfile mes chaussures et c'est déjà reparti. 50 mètres me séparent de la sortie du parc cet je pars au train en enfilant ma casquette. Bref, un modèle de transition. Y'a pas à dire : ça aide d'être en tête de course car tout le monde est aux petits soins.

Deux choses me surprennent sur ce début de marathon :
1- je suis tout seul. Je réalise seulement à ce moment là que je suis devant et que j'ai les moyens de faire quelque chose de grand. A condition de ne pas craquer et c'est bien là le problème...
2- le public est omniprésent, motivé et encourage chaque athlète. Vu qu'on n'est vraiment pas nombreux sur le parcours, ces encouragements sont personnalisés. Ca fait du bien.

Le parcours comprend 4 boucles de 10.5 km le long du Main, chacune ponctuée de 2 montées correspondant aux traversées de ponts.

Je cours les 30 premiers km sur un nuage. Ma régularité est presque exemplaire : 4'17 au km sur le premier tour, 4'30 au km sur le 2ème, 4'36 au km sur le 3ème. Comme à Lanzarote en 2007, j'avais décidé d'aborder le marathon comme deux semis. Puis finalement, à la fin du premier tour, j'ai changé de tactique. La première boucle de 10.5 km terminée, je me suis mis en tête d'en tenir encore 2 à ce rythme. J'ai serré les dents en attendant le coup de bambou vers le 25ème km, mais ce dernier ne s'est pas produit. J'étais bien.

J'ai juste eu très mal aux reins sur la fin du deuxième tour. Je pense que je n'avais pas assez bu. Un verre de plus avalé au ravito suivant et c'est passé.

Côté alimentation, j'ai géré sereinement sans faire d'excès : 1 powergel toutes les 45 mn avec du powerdrink attrapé à la volée jusqu'au dernier tour.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin et j'ai commencé à accuser le coup à partir du 35ème km.

Mon pote Boualem, que j'avais doublé au 30ème km, me rattrape. Il court avec Manu. Ce dernier me sort « allez JB ! La qualif, c'est même plus un sujet. Ce que tu vas chercher maintenant, c'est un podium dans ta caté ». Mais oui c'est vrai... Je l'avais oubliée la qualif. J'y pensais vraiment pas, tellement absorbé par ma gestion de course et mon envie de tenir le tempo.

Je me mets derrière eux et serre les dents. C'est vraiment dur. Les ravitos se succèdent tous les 1.5 km. Je m'accorde deux pas de marches tous les deux ravitos pour avaler un verre de redbull.

A partir de ce moment là, c'est la tête qui commande les jambes. Tenir, tenir, tenir ! Boubou souffre également et s'arrête. Je continue, de peur de ne pouvoir repartir. Manu, en vrai St Bernard, retourne le chercher.

38, 39, 40, 41. Plus qu'un km...

Manu et Boualem me reprennent... ainsi que deux jumeaux allemands... La fin de course s'annonce folle.

Boubou accélère tout de suite et se place à 20 mètres devant. Les deux allemands n'ont pas réagi. Ils me demandent dans quelle catégorie d'âge je suis. Je lâche « thirty -thirty four... and you ? ». La réponse ne se fait pas attendre : « same ». Je ne pense même pas à la qualif pour Hawai puisque je suis dans les 10. Mais j'en fais une question de fierté personnelle : j'ai un mauvais souvenir de mon arrivée au LD de Troyes début juin où je me suis fait tapé au sprint par un Belge. Alors j'accélère tout de suite. Encore 300 mètres à tenir. Je me retourne après 50 m. Ils n'ont pas suivi. J'ai l'impression qu'ils n'en peuvent plus. Mais je continue à accélérer. Je suis cuit. Mais je tiens peut-être ma place... Oui, ça y est, je vois la ligne. Le tapis rouge. Le public en liesse. Le speaker et la foule qui crient. J'entends mes parents, Anne-Laure, Fanfan hurler mon nom. C'est fou. Je me retourne une dernière fois. Ils sont loin. Ils ne reviendront pas. Yes ! J'ai gagné mon sprint !

Quand j'y repense maintenant, je souris. Un sprint représente tellement peu de chose par rapport à une qualif que j'avais de toute façon à l'aise. J'aurais très bien pu les laisser passer, ça n'aurait rien changé. Bref, une preuve de plus que je me sentais intouchable, avec une rage de malade.

Je boucle donc le marathon en 3h14'33s, soit 4'36 au km. Ce temps incroyable me permet de reprendre 8 places. Je finis 32ème au scratch et 8ème dans ma catégorie.

La ligne franchie, on s'enlace avec Boubou. Putain, quelle course ! et quel finish ! Deux bénévoles me soutiennent jusqu'à la tente médicale où je subis un check-up. Un des deux allemands est évacué sur une civière. J'ai surtout très soif. Je ne réalise pas ce que je viens d'accomplir. Je n'ai qu'une hâte : retrouver ma dream team de supporters qui doit m'attendre hors du « athlete garden ». Après une bonne douche et un bon massage, je les rejoins enfin. Que c'est bon !

Ce n'est que le lendemain, au moment de la remise des slots pour Hawai, que je réalise l'importance de ma perf : 32ème au scratch aux championnats d'Europe, 8ème dans ma caté, avec un temps canon de 9h04. Même pas besoin de roll-down. Bref, un truc de fou !!!

Quels enseignements tirer de cette nouvelle course référence ?
- j'ai su identifier mes faiblesses après mon premier IM à Lanzarote et les travailler: séances longues à pied, changements de rythme (courir en fréquence, ou au contraire allonger la foulée), PMA à vélo
- la gestion minutieuse des ravitos permet de gagner au final beaucoup de temps (un gel s'assimile plus facilement qu'une barre, boire juste ce qu'il faut m'a permis de ne pas m'arrêter pisser)
- une prise de risque à vélo n'empêche pas forcément de faire un bon marathon
- on n'est jamais à l'abri d'une défaillance et un petit rien peut prendre des proportions gigantesques. J'aurai ainsi pu passer à côté de la qualif pour une simple histoire de lentille de contact perdue.

Sans tomber dans le mélo, et le post « gnangnan », merci Anne-Laure et Mahée de m'avoir porté pendant ces 6 mois de préparation et surtout supporté la dernière semaine (il paraît que j'étais très pénible à vivre). Merci Antoine, Fanfan, Soph, pôpa, môman d'avoir fait le déplacement. J'ai vu vos sourires à l'arrivée. J'y ai lu de la fierté et de la joie. Ca me rend encore plus fier et plus heureux.

Et puis il y a tous les autres qui m'ont aidé à m'arracher à l'entraînement : Alex, Nico, Samir, Hervé, Pascal, Max, Thierry, Dom. Sans vous, je ne serais peut-être pas allé au bout de moi sur certaines séances clef qui ont fait la différence le jour J. Thanks.

La qualif pour les championnats du monde à HAWAI, tout Ironman en rêve. J'ai l'honneur d'avoir décroché ce précieux sésame à force de travail et d'envie. Mais il fallait probablement un peu de chance quand même. Mais comme on dit, elle ne sourit qu'à ceux qui la provoquent.

Un grand bravo à tous les triathlètes d'Etampes présents à Frankfurt. Tous ont terminé. Boubou, Tonio et Pascal décrochent également leur qualif. Comme le disait Bubai, « il va nous falloir un mini-bus à Kona ». Le malheureux Manu double-crève après 1km de vélo et perd 40 mn ce qui le prive de la qualif. Sinon, il passait à l'aise. Fafa fait une course d'enfer dans les temps pour la qualif jusqu'au semi, mais peine malheureusement sur la fin. Bravo également à Didier et Laurent (1er IM) qui nous sortent une très belle course.

Maintenant, place à la récup et aux petits week-ends en famille qui ont été beaucoup trop rares ces derniers temps. Refaire le plein d'envie, d'énergie, et savourer ce moment unique.

La reprise de l'entraînement est prévue pour début août. Ensuite, il me restera deux mois pour préparer au mieux ces championnats du monde (wouah !) avec un seul objectif : les savourer !

Comme d'hab, les photos dans l'album à droite.

« Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait ». Mark Twain.


Publié dans Récits Ironman

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F
Toutes mes félicitations mon Boubouille !Comment ne pas être épatés par ta performance : et dire que tu pensais que tu t'acharnais à grimper à des cailloux... et dire que les médecins ont cru ton genou bousillé à jamais... et dire que tu fais tout ça EN PLUS de ton boulot et de ta vie de famille...Moi je dis que les sponsors ont intérêt à te louer un avion pour loger tous ceux qui t'admirent !Bisoux !
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M
« il va nous falloir un mini-bus à Kona ». si vous avez besoin d'un chauffeur pour transporter tout ce petit monde ou donner un coup de main sur place, je suis disponible :-D
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N
... oups... me serais-je fait capter !?!...
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A
Il va sans dire que je suis aussi très très fière de toi, de t'avoir accompagné au quotidien tout au long de ta préparation...même si Mahée et moi nous sentions parfois seules les samedi et dimanche matins, même si nous fêterons nos un an de mariage avec un mois de retard, même si tu as été odieux les jours qui ont précédé l'ironman, même si y en a marre que tu pèses moins lourd que moi, même si je n'en pouvais plus de faire des lessives de cinglets et autres trucs qui puent et de préparer des salades de pâtes ou des gâteau de semoule, même si, même si......Et, Nico, ne va lui donner de mauvaises idées ;-)
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N
Je ne vais pas en rajouter, donc juste un grand bravo à toi pour cette perf' vraiment impressionante. Moi je trouve juste que c'est moche 'd'arrêter' quand on a de telles capacités à exploiter ! Moi je dis ça je dis rien... Après si jamais tu avais envie de retenter l'expérience quelque part sur une petite île espagnole en 2009...
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