Première Saintélyon... que c'était bon!

Publié le par Bouille

Ce WE Lyonnais des 6-7 décembre 2013 était prévu depuis plus d'un an, mais la Saintélyon pas du tout. Après avoir loupé l'édition 2012 de la fête des lumières pour cause de réservation hotelière tardive, nous étions bien décidés avec Anne-Laure à assister à cette fête des lumières 2013, et profiter comme il se doit des délices de la gastronomie lyonnaise. Ca, c'était avant que Romain ne nous parle de la Saintélyon...

Je vous passe les détails, mais le plan "WE amoureux / douillet pépère / touriste / rattrapage de sommeil / pétage de bide" s'est transformé en plan "Trail à plusieurs milliers / conditions hostiles / nuit blanche au sens propre et figuré / gels pas bons".

Nous voilà donc au départ de la Saintélyon ce samedi 7 décembre, AL sur le 21 km et moi sur le 75 km.

Ma préparation était parfaitement adaptée pour un semi-marathon trail, mais beaucoup moins pour un trail de 75. Trois séances par semaine de 1h de octobre à mi novembre avec une séance de VMA courte (type 15 * 40/30) et 1 de seuil (type 6*1000 r=1'). Jusqu'à ce que je réalise qu'il me manquait des séances longues. Du coup, une semaine de charge avec 3 séances longues de 30 km à S-2. Et zou, la prépa était pliée. Moi qui ai toujours été très sérieux sur mes préparations, je me sentais vraiment en mode touriste sur ce coup là...

Je me suis lancé un dans simulacre de régime dissocié à une semaine de la course mais j'ai craqué devant le premier carré de chocolat. Bref, je n'y étais vraiment pas...

Arrivée à Lyon vendredi 6 après-midi. La nuit tombe déjà et nous partons arpenter les rues à la découverte de la fête des lumières. Je fais du "lèche-menu" devant tous les bouchons lyonnais : pâté en croute, quenelles au brochet, saucisson, desserts. Ahhh, mais qu'est-ce qui m'a pris de m'inscrire à cette course???

Diner pluis nouvelle balade avec des amis. Ca commence à faire beaucoup à 24h de la course : les jambes s'alourdissent... La perspective d'aller passer la nuit suivante en courant me rattrape... Et je commence à me dire que je suis en train de déconner.

Je ne vais vraiment réaliser ce qui m'attend que le samedi à 15h, après avoir lu le roadbook. Il était temps que je m'y mette!

Je fais du jus samedi pendant que Anne-Laure et Virginie partent à la découverte des halles lyonnaises et nous ramènent une belle côte de boeuf pour le lendemain. J'en rêve déjà! Voilà de quoi me faire tenir toute la nuit.

Soirée pasta chez des potes de potes à 20h. Tous des habitués de la Saintélyon. Je glanne des conseils à droite à gauche : "ça bouchonne au début", "le parcours va être rallongé cette année et bien plus dur", "on va grimper la mythique côte d'Arfeuille", "de la glace, de la neige à gogo"... Ca promet...

Je griffonne sur un bout de papier des temps de passage sur une base 9h et 10h. Et puis tant que j'y suis, je rajoute aussi l'objectif 8h. Sans savoir du tout ce qui est réalisable car je ne connais pas le parcours.

On rejoint St Etienne en voiture afin d'éviter la galère des navettes. Arrivée 23h au parc expo de St Etienne. -6° C. Ca pique...

saintelyon1

Le départ est donné à minuit. Partant du principe que "tout ce qui est pris n'est plus à prendre", je déroule pour ne pas me retrouver dans les bouchons. Les 7 premiers km de route sont bouclés tranquillement à 13 km/h.

Première montée puis premiers pas dans la neige. Cette dernière ne va plus nous quitter pendant 40 km. On m'avait parlé d'une densité de coureurs impressionnante. Je suis surpris de ne pas la constater. Pourtant, je n'ai pas l'impression d'être parti très vite. J'en déduis donc que je ne dois pas être trop mal placé.

J'atteinds le 1er ravito de St Christo en Jarez (KM15.5) en 1h26 soit 10.8 km/h de moyenne. 314ème. Je saute le ravito car j'ai à peine entamé mes bidons.

Les chutes sont nombreuses autour de moi. J'hésite à mettre mes chaines à neige. Je sais que ça ne me prendrait que 2 mn, mais la simple idée de perdre 2 mn m'énerve et je préfère prendre le risque de chuter. D'autant plus que je cours avec un petit groupe qui voyage léger et je ne veux pas les perdre.

Toujours sur le même rythme, ravito n°2 atteint à Ste Catherine (KM 30) en 2h51 soit 10 km/h de moyenne. Suis 242ème. Je zappe à nouveau le ravito car il me reste un bidon et encore plusieurs barres.

Les jambes et le moral sont toujours au beau fixe mais je me dis qu'il est possible que je rentre dans le dur à tout moment. J'atteinds en effet "les limites du connu" à l'entraînement, et le coup de bambou pourrait arriver à tout moment. Je sors le petit papier sur lequel j'ai griffonné les temps de passage. Je réalise que j'ai 20' d'avance sur l'objectif 8h. Qui l'eut cru? Suis content.

Puis coup de téléphone. C'est mon papa. Génial l'appel à 3h du mat'. Ca fait du bien. Un bon coup de boost avant la montée d'Arfeuille dans laquelle je reprends un paquet de monde.

J'atteinds le ravito de St Genoux (KM 42) en 4h02 et 135ème position. Déjà 1225 m de D+. 10.1 km/h de moyenne. Je me décide à une courte pause et remplis un bidon de thé. Je repars en marchant et prends le temps d'avaler une barre en entier. Les jambes commencent à tirer. Je sens que ma course commence ici. Jusqu'à présent, c'était facile. Il ne reste que 33 km mais ça va être le plus dur...

Je me retrouve souvent seul dans les bois. Jusqu'à présent, je n'avais jamais eu besoin de m'orienter en course. Pas si évident de chercher les flèches à la lueur de la frontale car il fait nuit noire. Je fais une partie du chemin jusqu'au ravito suivant avec la 3ème féminine. Aucun mot échangé dans l'effort, mais c'est agréable de faire un bout de parcours à deux.

Arrivée au ravito de Soucieu en Jarrest sur un bon tempo puisque les KM 54 et 55, roulants, sont avalés à 12.5 km/h. J'ai encore repris du monde : 117ème après 55 km de course.

J'ai toujours un matelas d'avance confortable sur mon objectif 8h... qui du coup passe à 7h30. Ca serait beau un compte rond : 75km en 7h30 soit 10 km/h de moyenne tout rond.

Je prends mon premier gel et mets le turbo. Je fais les km 56 à 61 à environ 12 km/h. Génial. Je reprends la 3ème féminine qui est dans le dur. Mais ce qui devait arriver arriva... et je prends un coup de bambou au détour d'un virage. Scotché! Ca n'avance plus. Je vois mon avance s'effondrer... Je suis à 9 km/h au mieux. J'ai beau penser à la côte de boeuf et au bon vin rouge qui m'attendent, rien n'y fait.

Je me traine jusqu'au dernier ravito à Beaunant (KM 68) que j'atteinds en 6h51. Je suis 104ème. A posteriori, vu l'état dans lequel j'étais, je me demande bien comment j'ai fait pour reprendre encore des places.

Dernier gel avalé. Ca commence à sentir l'écurie. Habitué des finish rapides au cours desquels je reprends habituellement de nombreuses places, je me prépare à me régaler. Je vais jouer à Pacman. 1 km de montée à plus de 10% aux acqueducs de Beaunant. Arrivée sur le plateau. Allez JB, c'est le moment de lâcher les chevaux. Et hop je relance... mais comment dire... Le JB reste scotché... J'essaye tout : j'augmente la fréquence de la foulée mais je ne vais pas plus vite, j'augmente l'amplitude mais ca ne marche pas non plus. La messe est dite : je suis crâmé. Mon démarrage a fait l'effet d'un pétard mouillé. Je l'ai mauvaise... Je pense à la côte de boeuf mais ça ne résout pas le problème. Je serre les dents en attendant que ça passe. Les km vont bien finir par défiler, accélération ou pas...

Puis finalement, je retrouve du jus au km 72 et boucle les 2 derniers km à 13.5 km/h. Le jour est sur le point de se lever. Je mets un point d'honneur à franchir la ligne d'arrivée avant l'extinction des réverbères. 

Je franchis la ligne en 7h35. Forcément un poil déçu car l'objectif 7h30 m'habitait depuis Soucieu en Jarrest. Mais comme le parcours est référence à 75.9 km, l'objectif de 10 km /h tout rond est bel et bien rempli. Les stat : 102eme au scratch sur environ 5000 inscrits sur le 75km. 58eme en SEH.

saintelyon2

A moi la côte de boeuf!!!

Pour conclure, une superbe course. Mon premier vrai trail en course après l'écotrail de Paris. Courir de nuit est magique. Surtout à l'avant car on se retrouve souvent tout seul et la magie n'en est que plus belle. Très heureux du résultat également. J'ai fait une course à mon niveau. Je ne pouvais pas prétendre à mieux compte tenu de ma préparation. Très heureux également pour Anne-Laure qui s'est régalée sur son 21 km (99ème féminine) et qui en redemande.

Bref, à refaire!

Une pensée pour tous ces bénévoles qui sont restés debout toute la nuit. Un immense respect pour leur générosité et altruisme vis à vis des "allumés illuminés" (au sens propre et figuré) qui avaient décidé de courir 75 km dans la neige de nuit.

Lien vers ma trace GPS.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
R
<br /> Que de  chemin parcourus depuis tes débuts dans le triathlon. Et dire que tu me prenais pour un champion <br /> <br /> <br /> Bravo à toi, longue route et encore quelques exploits à venir, voilà ce que je te souhaites !<br />
Répondre